Les armes du Kobudō : le bolas – surujin

Les armes du kobudō okinawaien — Le  » surujin スルジン  » ou encore dit le “suruouchin スルウチン“ L’art du Surujin Jutsu 『スルジン術 』 Le surujin traditionnel d’Okinawa est une sorte de bolas (boleadoras) constitué de pierres 石 ou de corail mort サンゴ ・珊瑚 et d’une corde 縄.

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Fig.0098- Surujin en corail (à gauche)

Les exemplaire les plus anciens sont formés de trois éléments : deux pierres voire deux morceaux de corail mort, de la grosseur d’un poing, et une corde en fibre végétale 棕櫚縄 tirée du palmier chanvre “Jyuro シュロ 棕櫚” Trachycarpus. En dialecte d’ Okinawa la fibre de l’arbre  » Jyuro kawa シュロ皮 » se prononce  » suru ga スルガー » de là le « suru スル » de « SURUjin スルジン » .

  

Fig.0643 – Un surujin スルジン. formé d’un galet et d’une corde en fibre végétale.

Pour ce qui concerne le percement des pierres; celui peut être obtenu naturellement grâce au travail des mollusques du type  » Rasoir de pierre cour  » 石馬刀貝 イシマテガイ / Lithophaga curta. véritable perceuse naturelle de pierres et de corail mort. Certains rivages fournissent à peu de frais cet élément prêt à l’emploi.

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Fig.8084 – Un bloc de corail mort perforé naturellement.

La longueur de la corde se mesure en « shyaku 尺 » ancienne unité de mesure d’origine chino-japonaise et dont la valeur approximative était à l’époque de : 1 shyaku 尺= 30.3 cm . On trouve des cordes entre 2 shyaku 尺 pour les plus petites 短鎖 et 7 shyaku 尺 pour les plus grandes 長鎖. La norme se situe à 6 shyaku 尺 — Source : 「空手道・古武道基本調査報告書」 沖縄県教育庁 文化課 1994. et 沖縄伝統古武道  中本政博 /1983.

Les plus récents sont en métal ; chaîne et poids (lestes) compris. Cette arme 武器 dans sa version métallique est courante dans l’ancien Japon ou plusieurs variantes sont connues : Fundō kusari 分銅鎖, Manri Kusari 万力鎖, kusari jité 鎖十手, Tama Kusari 玉鎖 , Sodé kusari 袖鎖, Futokoro kusari 懐鎖 et Masaki kusari 正木鎖. La Chine, toujours très inventive en la matière, n’est pas en reste non plus et comme nous le fait découvrir la gravure ci-dessous. Pour ce qui concerne Okinawa,  la transformation moderne en métal, semble dater de la fin du 18 siècle (?) Cependant, l’assemblage traditionnel en matériaux naturels est toujours usité par les maîtres d’Okinawa Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

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Fig. 0099- Surujin(s) chinois.

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Fig. 0252-  et Fig.0584- Surujin(s)  流星锤  chinois. Dynastie Ming 明朝 .

Dans les temps anciens, les pêcheurs 漁民 des Ryūkyū ne pouvaient faute de moyens financiers se procurer ce matériel coûteux. L’archipel ne possède pas de gisement de fer. Le fer est un produit de luxe et importé, acheté ou échangé grâce au commerce qu’entretenait le royaume avec les grands et petits voisins asiatique. Les pêcheurs et paysans se sont débrouillés avec les ressources naturelles de leur environnement. Une corde tressée et des pierres remplaceront la chaîne forgée et les poids coulés au moule. À noter: des versions du Surujin スルジン avec lestes en bois 木 en cuivre 銅 sont connues.

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Fig.0101- Surujin en métal ; chaîne et lestes compris..

L’origine du Surujin スルジン okinawaïen est difficile à situer autant dans le temps que dans l’espace. Peut être s’agit il d’une copie de mauvaise facture des armes japonaises ou chinoises, ou bien tout simplement d’une invention locale. On trouve cette armes dans plusieurs cultures toutes très éloignées les uns des autres, il est donc impossible de se prononcer sur le sujet. La différence s’exerce moins sur l’origine que sur l’emploi que les anciens maîtres Ryūkyūïens en ont fait. D’une arme rustique, aléatoire et difficile à manier, ils en ont fait un art 術 codifié et martial. Un art certes non majeur au sein du kobudō mais bien présent encore actuellement et qui démontre son efficacité. Si cela n’avait pas été le cas, il est difficilement concevable qu’il est pu perdurer jusqu’à nos jours. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

Les anciens portaient le Surujin  スルジン  enroulé à la taille. Le poids est généralement assez élevé, autour de 1 kilo, c’est ce qui fait sa force, décuplée par l’énergie cinétique de rotation. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

C’est une arme rudimentaire mais dont la maîtrise demande une longue expérience. Les mouvements sont circulaires un peu comme au lasso et avec des figures en « huit/8 » . La main doit corriger les effets de torsion afin d’éviter que la corde ne «bouchonne» et se torde au niveau des doigts, ensuite Il faut un long entraînement pour arriver à contrôler efficacement le moment à vide du rebond où suite à la chute d’énergie qui se produit lors de l’impact sur la cible. Les corrections de trajectoire et l’appréciation de la distance, sont des facteurs qui demandent aussi beaucoup de dextérité, d’expérience et de travail. Frapper , déséquilibrer , désarmer, enlacer voire étrangler sont les effets conjugués et recherchés lors de l’affrontement. Les erreurs d’appréciation, la chute brutale de vitesse et l’inertie qui s’en suit, sont difficiles à corriger. La problématique ainsi engendrée, est beaucoup moins tragique avec une arme comme le bâton 俸 ou la rame 櫂 pour ne citer que ces deux-là. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

Traditions et Héritage.
Sont répertoriés les kata 型 suivants :
« Maezato no surushin jutsu no kata » 前里のスルチン術の型 et « Ikehara no techyu no kata » 池原の鉄柱の型 le maître Ikehara est un élève de Chōshin Chibana 知花朝信.

La postérité, nous a laissé également le nom du maître Ôzato 大里某 de la ville de Ginowan 宜野湾市 il est considéré comme le plus grand maître connu de la période d’avant guerre. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

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