Les armes du Kobudō : le bâton long – bō – kun

1- Le Bâton long « Bō 俸 » ou « Kun クン  »  L’art du Bō Jutsu 『俸術』 et ses dérivés : Bō odori 棒踊り・Bō furi 棒振り・村棒.

Origine, description et spécificité. 

Le bâton /Bô / 俸

De toutes les armes du kobudō d’Okinawa, c’est celle qui est géographiquement, la plus généralisée. On la trouve dans presque toutes les îles qui forment l’archipel des Ryūkyū 沖縄本島と離島. Le bâton, est une arme défensive par excellence et relativement simple à confectionner, à entretenir et à manier.

Bâtons d’un usage fréquent dans les campagnes : le « haïbō ハイボウ » bâton-balancier légèrement cintré et le « tōgaïbō トゥガイボウ  » bâton-aiguillon pour le bétail (?)

0154_batons

Ref.0154 – Bâtons « haïbō ハイボウ » et « tōgaïbō トゥガイボウ  »  / 沖縄の民具 /考古民俗叢書より。

L’emploi chorégraphique du bâton dans la danse :

Bo odori 棒踊り ,Bo furi 棒振り , est extrêmement ancien, sans que l’on puisse, même approximativement le dater. la codification que l’on retrouve dans les kata(s) 型 de l’art martial du bâton semble avoir largement bénéficié des apports techniques de la danse — Dentō odori 伝統的な踊り —「民族芸能」 en général, et de la danse du bâton en particulier Bo odori 棒踊り. Puis au cours des siècles , la danse, bénéficiait à son tour des innovations que les maîtres successifs avaient apporté à l’art noble et martial du bâton 俸術  il est également redevable au karaté, principalement pour ce qui concerne les déplacements. On trouve actuellement plus de 40 villes ou villages de l’archipel pratiquant l’art dit du  » bâton villageois » 村棒 sous la forme d’une danse ou d’un art plus ou moins martial. Cette forme est divisée en plus de 105 styles : Bō odori 棒踊り・Bō furi 棒振り.

Malgré l’ancienneté de L’art du bâton 俸術 , la première trace écrite de sa présence ne remonte qu’à l’année 1429 — Source:  「空手道・古武道基本調査報告書」 沖縄県教育庁 文化課 1994.

Sur le tronc d’origine okinawaïen,  se sont greffés de nombreux apports extérieurs mais sans que l’on puisse définir avec précision la proportion de chacun ni le niveau d’influence exact exercé par ces derniers . Une chronique ancienne, le Kyôyo 『球陽』(1743-45)mais peu expressive, nous laisse un court passage relatif à l’usage d’un art codifié du bâton 「槍棒の法あり」 en vigueur au Ryūkyū et datant du 17ème siècle. ce qui est chronologiquement assez tardif pour que nous en tenions compte.

●Liste des arts et techniques qui ont eu ou pu avoir une influence sur l’art du bâton pratiqué à Okinawa :  Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

* le contenu de cette liste ne sort pas du domaine des déductions et des observations et n’est pas corroboré par des preuves irréfutables.

■ Influences au premier degré :

1) Directe → Danse traditionnelle okinawaïenne —– 伝統的な踊り —「民ぞく芸のう」— 棒踊り — dans laquelle le bâton manié, selon une certaine ordonnance, rentre dans la composition chorégraphique. Cette danse, ou plutôt ces danses sont des danses rurales pratiquées principalement au moment des fêtes par des groupes masculins de villageois et exécutées au son du tambour 琉球太鼓 et du luth dit sanshin 三線.

La tradition étant bien gardée, nous avons la possibilité de la découvrir telle qu’elle était pratiquée des siècles auparavant. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

À noter : Les membres des groupes masculins étaient âgés de plus de 15 ans; âge de l’initiation à la technique et âge initiatique tout court.

2) indirecte → Art du bâton de l’école chinoise du Shaolin 嵩山少林寺の棍術 —– par l’intermédiaire des petits nobles “ajiuchi 按司掟” en fonction dans les villages du royaume et pratiquant un style découlant de la technique du bâton du Shaōlin. Le rôle de ces nobles et fonctionnaires à la fois, était un rôle de « représentant de l’ordre  » Une sorte de « shérif » qui rassemblait les villageois en cas de coup dur et auxquels il donnait des instructions. De là aussi peut être l’origine des postures de Té / karaté (art pratiqué , dit-on, également par les représentants de l’ordre) dans les chorégraphies des diverses danses traditionnelles pratiquées par le petit peuples 田舎百姓 des agriculteurs, pécheurs du royaume de Ryūkyū 琉球王国. Entre le 14ème et 15ème siècle les nobles avaient été obligés, par le souverain, de quitter leurs terres et de résider autour de l’enceinte du château de Shuri 首里城. Le souverain avait trouvé ainsi le moyen de limiter le risque de révoltes de ses vassaux. Une fois l’implantation réalisée et stabilisée, il avait instauré une pyramide hiérarchique axée sur le mérite et s’inspirant de la coutume chinoise. Les nobles, en fonction de leur position dans cette pyramide, portaient une coiffure de couleur différente sur une tenue passablement uniformisée ; La noblesse en fut « fonctionnarisée  » de fait . Ce tout nouveau système apporta une stabilité fiable à l’état et entretenait, par répercutions, une ébullition de rang en faveur des intérêts du royaume.

Les nobles venant , désormais, des faubourgs de Shuri 首里 pratiquaient des styles ayant en commun un tronc originel. Ces styles étaient enseignés aux jeunes nobles en vue de leur formation, comme futurs cadres. Ces futurs cadres se retrouverons à plus ou moins longue échéance et selon les aléas de leur mission, en fonction en province 沖縄本島と離島 . Il faut aussi noter que quand un noble commettait une faute ou un délit; après jugement, il était envoyé en exil pendant le durée de sa peine dans une des îles se trouvant aux confins du royaume. Selon le délit son exil pouvait durer de plusieurs mois à plusieurs années.

Ce tronc originel, est constitué de fibres dont certaines sont sans aucun doute originaires de la Chine 中国 et sont apparentées au style du Shaōlin . bien longtemps avant d’être réputé pour le kempō 拳法 qui y était enseigné, Le Shaōlin était connu et reconnu pour son art du bâton 嵩山少林寺の棍術 que l’on disait , alors, inégalé dans tout l’empire du milieu 中国帝国. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

■ Vous pouvez découvrir un manuel technique de l’art du bâton du temple Shaōlin  少林棍棒技法  »  Shǎolín gùnbàng  jìfǎ  » dans la page Bibliothèque de fichiers pdf : fichier №18

0092_armes_shorinji

Fig.0092 – Sur la gauche une représentation de deux bâtons du shaōlin.

0608

Fig.0608- Gravure ancienne chinoises représentant un combattant avec un bâton.

La tradition orale nous laisse entrevoir l’action d’un de ces nobles de Shuri  : “aiji, ajiuchi 按司掟” , nommé en province dans l’île lointaine de Yonaguni 与那国島. C’est le dénommé « Kochi 幸地 « en fonction il y a 260 ans à Yonaguni 与那国島 qui y aurait développé l’art du bâton 棒術. Art que l’on retrouve actuellement dans la danse local du bâton 棒踊り . Il aurait tellement bien réussi dans son entreprise que les fonctionnaires suivants auraient eu quelques problèmes pour faire respecter l’autorité centrale, ils auraient  alors essayé d’interdire , vainement, les exercices de cette danse très spéciale qui donnait lieu à des festivités qu’ils ne semblaient pas apprécier outre mesure. Source :  「 竹富町調査報告書」鳩間島担当院生/ 028127B /下地治人 .

Deux autres styles de danse de village 村棒, toujours selon la tradition orale, prennent leur source dans l’ art martial du bâton qui à une époque reculée aurait été enseigné par des nobles de Shuri 首里. Le premier est la danse du bâton du village de Yomitan 読谷村, le style  » Kina bō 喜名棒 » et le deuxième, celui du village de Kadena 嘉手納村 avec le style  » Sūmachi bō 野理棒・スーマチ”.

En ce qui concerne la danse du bâton localisée sur l’île principale des Ryūkyū (Okinawa) , une étude démontre que beaucoup de styles se sont développées à proximité d’anciens châteaux. L’activité guerrière liée aux châteaux a cessé mais la danse venue du fond des âges est restée. Ces styles ont-ils pris naissance en tant que danse ou sont-ils le résultat d’une évolution où l’art martial du bâton s’est muté en danse du bâton ? Difficile de répondre à cette question étant donné le manque de sources écrites concernant le sujet.

À ce sujet, voici un exemple concret de (une des) l’expansion de l’art du bâton de Shuri , détenu par les nobles, et qui au final se retrouve en province diffusé par un roturier :

La chorégraphie martiale « Fé nu shima »  du village de Haébaru – 南ぬ島 -フェーヌシマ  – Danse du bâton 棒踊り .
Selon la tradition c’est un roturier dénommé (*) » Ussumé le guerrier » 武士ウスメー qui aurait travaillé comme petites mains dans (ou aux alentours du) le palais de Shuri 首里城 d’où il aurait rapporté , en 1850 et de manière illicite , un kata de bâton fruit de ses observations. Ce kata proviendrait d’un enseignement légué par la tradition chinoise et aurait été mis en pratique par les nobles de Shuri 首里の士族
Une fois revenu dans son village de Haébaru 南風原,  Usumé le guerrier se serait mis à l’enseigner aux jeunes gens du village.  Bien que le kata se soit au cours des années éloigné, à proprement parler de l’art du combat ,  il possède encore une touche martiale prononcée qui le distingue des autres danses du bâton de la région, telles celles, par exemple, du village de Yomitan 読谷村 ou de Kita Nagasuku 北中城村.   La tradition a failli se rompre dans les années 70 mais la chorégraphie a pu être sauvée de justesse et a été remise à l’honneur en l’année 1983.   Source :   勝連半島 - かつれんの民話 /本島編 &離島編/ 勝連町敎育委員会 / 1990.

(*) Ussumé le guerrier  武士ウスメー, peut se traduire par « petit père guerrier » ou « quarantenaire (voire quinquagénaire) le guerrier »; nous n’avons pas en français l’équivalent mais il s’agit dans tout les cas d’un  » homme mûr de naissance non noble ».

■ Influences au deuxième degré :

A) L’ art du bâton japonais —- les nobles (du moins une bonne partie) possédaient de solides connaissances dans des arts et techniques martiales ayant pour origine le Japon 大和. Comme nous l’avons signalé dans un autre chapitre, Ils appréciaient grandement les armes japonaises et les préféraient aux armes chinoises; la qualité des premières, n’y était certainement pas étrangère. Ils portaient (dans les temps reculés) deux sabres à la hanche大小二刀, exactement comme de coutume au Japon , la technique de l’arc et celle l’art de combattre à cheval était de même inspiration.

Pendant les entraînements, les armes en bois; sabres et bâtons limitaient les risques de blessures graves et étaient donc employées de fait.

Qu’en ce domaine également, ils y aient acquis des connaissances techniques d’origine nippone, autres que celles de Satsuma, ne semble pas extravagant à concevoir. le style du Jigen-ryū 剣術示現流. était pratiqué à l’origine dans la province de Satsuma 薩摩藩.  Suite à l’invasion du royaume des Ryūkyū par le fief, des pans entiers de la technique se sont retrouvées dans les diverses pratiques martiales en vogues parmi les nobles de Shuri 首里 et cela même à l’époque dite de  » l’interdiction des armes 武器を禁止 » des traces écrites nous le démontrent si besoin est ( voir les chapitres consacrés au sujet ) ». ces derniers auraient adapté à l’art du bâton des techniques dérivées de l’art du sabre.

B) Le trafic maritime 琉球貿易: Au cours de leurs longs périples maritimes, les diplomates, commerçants et marins d’Okinawa ont eu l’occasion de rentrer en contact avec des pratiquants d’arts martiaux des petits états asiatiques avec lesquels ils avaient des relations commerciales et diplomatiques. Que quelques Ryūkyūiens , aient pu ainsi incorporer des éléments d’autres styles d’arts martiaux dans leur art du bâton, ne relève pas du domaine de l’impossible.

C) Les Pays tiers en contact commercial et diplomatique avec le royaume des Ryūkyū 琉球王国 : Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

Malacca マラッカ , Palembang パレンバン , le Sultanat de Pasai サムドラ , le royaume de Sunda スンダ・カラパ et le royaume de Majapahit マジャパヒト De ces états et régions proviennent le silat et le pencak, art martiaux jumeau d’origine Indonésienne et comprenant le tongkat panjang ou bâton long. On peut citer également ; le royaume du Đại Việt ヴェトナム avec le Võ Thuật et le Co Vo Dao dont le « Roi  » perche/ bâton , le royaume de Sulu avec le Kali Arnis Eskrima et l’arnis de armas art du combat dont certaines écoles emploient les bâtons longs. Les arts martiaux et les formes ancestrales de ces arts martiaux sont extrêmement nombreux et toujours actifs dans leurs patries respectives.

D) Des influences tangibles découvertes au fin fond de l’océan Pacifique :

Des observations basées sur des similitudes entre la danse du bâton Bō odori 棒踊り de l’archipel des Ryūkyū et de celle traditionnelle des îles Carolines, dans l’océan Pacifique, laissent à penser qu’une influence encore plus lointaine n’est plus à exclure. C’est constatation est d’autant plus frappante quand on étudie, ce facteur au niveau local. telle la danse du bâton 棒踊り que l’on trouve sur l’île de Ishigaki 石垣市 secteur d’ Arakawa (新川) et celle des îles Yap situées dans les États fédérés de Micronésie. La similitude qui en ressort ne peut être que difficilement le fruit du hasard. Source : 「 竹富町調査報告書」鳩間島担当院生/ 028127B /下地治人 . Et étant donné la proximité tangible qui existe entre la danse du bâton Okinawaïenne 棒踊り proprement dit et l’art martial Okinawaïen du bâton 琉球俸術 , tout donne à penser que cette observation sur une influence lointaine, est également valable pour ce qui concerne l’art martial du bâton 俸術.

Retournons sur l’archipel des Ryūkyū :

Le petit peuple insulaire ne semblait pas employer le mot « Bô  » bâton/ 俸 il employait l’appellation « Kun クン 俸 » pour le désigner Ce mot semble dériver du mot « Kon 棍 « d’origine chinoise qui désigne le bâton : 俸 fèng = 棍 gùn  “ embout de bâton”. Ce caractère chinois est employé un peu différemment dans la langue okinawaïenne où on le retrouve dans des appellations techniques concernant l’art du bâton. Le bâton se prononce également “kùn 棍” en minnan 閩南語 — langue parlée dans le sud du Fujian 福建 chinois.

Des contes et légendes se rapportent à l’utilisation du bâton par les insulaires:

L’histoire se déroule sur l’île de Miyagi 宮城島 , située à quelques encablures de l’île principale d’Okinawa 沖縄本島 , à l’époque (dit ) de la grande famine 大飢饉 (?) Un terrifiant voleur venait commettre ses méfaits aux dépends des habitants de l’île. en s’emparant par la force des graines provenant de la plante du  »Sotetsu ソテツ  » (Cycas du Japon) seule nourriture encore disponible en ces temps de grande disette. Personne ne pouvait empêcher le voleur d’agir, tellement sa force était impressionnante, Jusqu’au jour où un maître , habitant de l’île , dénommée «  Ippâ イッパー  » et réputé dans l’art du bâton 俸術 le terrassa sans coup férir. Source:  「宮城島」 沖縄県うるま市教育委員会. Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 

Les principaux arbres (et plante) dont sont tirés la matière servant à la confection des batôns.

Le palmier à bétel ou aréquier – Binrô – / ビンロウ /檳榔/ Areca catechu.
Le chêne vert du japon – Akagashi / アカガシ /赤樫/ Quercus acuta (récent)
Le pin des bouddhistes – Inumaki / イヌマキ /犬槇/ Podocarpus macrophyllus.
Le ijyu /イジュ/ Schima liukiuensis. karatehistorique.wordpress.com
Le chêne à tan- Matebashi / マテバシイ/ Lithocarpus edulis.  (récent)
Le fukugi / フクギ / Garcinia subelliptica / Emblème floral de Motobu 本部半島.
Le iiku / イークの木(モッコク) /Ternstroemia gymnanthera.
Le urajirogashi / オキナワウラジロガシ / 沖縄裏白樫 / Quercus miyagi.

0093_ratelier_batons

Fig.0093-  ↑Râtelier pour Armes du kobudō. Dōjō du maître China 小林知念空手道場にて・1994 —  Il existe deux sortes de râtelier pour armes du kobudō ; une composée d’un râtelier vertical. (à l’origine probablement d’inspiration chinoise )

0609

(Fig.0093-) et l’autre d’un râtelier horizontal ↑ (à l’origine probablement d’inspiration japonaise ) . Râtelier du Dōjō multi-styles :  Okinawa traditional karate and kobudo International Study Center ⇒ 沖縄伝統空手道古武道国際研修センター

L’entretient des bâtons était réalisé au moyen d’ un badigeon d’huile de foie de requin 鮫肝油 ensuite le bâton était lustré avec un chiffon —- On entretenait également les tonfa トンファー , les rames 櫂 et les nunchaku ヌンチャク ( en bois) de cette manière —- L’huile de requin à deux fonctions (*) : la première est d’ordre pratique ; empêcher les vers de s’incruster dans le bois . La deuxième relève des croyances populaires. Les pêcheurs de l’archipel  » baptisaient  » leur barque de pêche avec cette huile qui était censée posséder le pouvoir de faire fuir les mauvais esprits et ainsi assurer la protection de l’équipage lors de leurs périples en mer. L’huile de requin est difficile à se procurer et dégage une odeur nauséabonde. Rares sont les pratiquants actuels qui s’en servent pour l’entretien des armes du Ryūkyū kobujutsu. 琉球古武術.   Christian Faurillon  

0286

Fig.0286 fête de village de l’île de Ishigaki 石垣島 -棒術

La longueur des bâtons se mesure en « shyaku 尺 » ancienne unité de mesure d’origine chino-japonaise et dont la valeur approximative était à l’époque de : 1 shyaku 尺= 30.3 cm . Traditionnellement, on trouve des bâtons de 9 shyaku 尺、6 shyaku 尺、4 shyaku 尺、3 shyaku 尺 et 2 shyaku 尺. Les bâtons de 6尺 et 3尺 sont les plus fréquemment employés.

À noter.  La longueur du bâton doit être de 10 à 15 cm supérieure à la taille du pratiquant ( selon les critères du style Isshin-Ryū 一心流)

Quelque uns de des kata(s) de bâton sont chargés d’une appellation a connotation philosophique ayant trait ou en référence au bouddhisme 仏教. Le bouddhisme est la religion plus ou moins imposée par le roi Shô Shin 尚 真王 mais peu suivie par le petit peuple. Les nobles eux s’y plièrent plus facilement, de là, toutes ces références au bouddhisme dont on retrouve des allusions religieuses et philosophiques à travers la gestuelle et certaines désignations nominatives encore en usage dans : le karaté, le kobudō et leurs kata(s) 型 respectifs. C’est une indication non négligeable pour ce qui concerne le niveau de l’ emprise laissée par l’élite des nobles et fonctionnaires d’état de Shuri 首里et Naha/Kumé 那覇・久米 sur le karaté en général et le kobudō en particulier.  karatehistorique.wordpress.com 

Cette élite qui finira par s’approprier quasi exclusivement l’héritage martial des Ryūkyū alors qu’ à l’origine et par la composition de son arsenal d’outils agraires , le kobudō 古武道, se voulait être une invention somme toute, pratique, réaliste , à but défensif et au bénéfice des classes inférieures de la société 百姓- 田舎百姓 Et cela en réponse aux attaques de pirates dont elles étaient toujours susceptibles de faire les frais. (Voir le chapitre : La lutte contre Les pirates) Le pouvoir central était, devant l’étendue et la fragmentation géographique incapable d’assurer la défense de la majeur partie de son territoire. Le clan de Satsuma 薩摩藩, suite à l’occupation du royaume sera chargé de sa toute relative défense mais ne fera guère mieux en la matière. Et ce ne sont pas les quelques représentants de l’ordre les  » shérif  » → “ajiuchi 按司掟” établies dans un village isolé qui pouvait surveiller et défendre tous les rivages de l’île dont ils avaient la charge. Le simple fait d’arriver à rejoindre les parties les plus éloignées de l’île et les hameaux qui s’y trouvaient demandait parfois plusieurs heures; les pirates eux n’avaient pas attendu et s’étaient volatilisés depuis fort longtemps .

0100_baton_okinawa

Fig.0100 Maître Nakamoto Masahiro 中本政博先生 Dōjō Bunbukan 武文館道場1994

Les kata(s) 型 du Bâton « Bô 俸 » ou « Kun クン  » 沖縄俸術の型, en dialecte usuel et par ordre alphabétique :

Chikin nu kun ⇒   津堅之棍 / 津堅の棍 / 津堅棒  (pour en savoir plus, consulter la page suivante : « Tsuken Uekata : De la déchéance nobiliaire à la postérité martiale. »)
Chinshichyanaka nu kun ⇒  知念志喜屋仲の棍
Choun nu kun ⇒ 朝雲の梶
Chyōun nu kun ⇒ 趙雲の根
Chyatanyara nu koun ⇒  北谷屋良の棍
Gyōsyō nu kun ⇒ 驍将の棍
Kashinne nu bō  ⇒ 合戦棒
Kongō nu kun  ⇒  金剛の根
Kūbō nu kun ⇒ 公望の棍
Sakugawa nu kun  ⇒  佐久川之梶 / 佐久川の梶 / 佐久川の梶 / 佐久川の梶  grand 大 et petit 小
Shiishi nu kun voire Syūshi nou kun ⇒ 周氏之梶 / 同氏の梶一/ 周氏の梶 grand 大 et petit 小
Shimajiri nu kun ⇒ 島尻棒 ©Christian Faurillon karatehistorique.wordpress.com 
Shirakaba nu kun ⇒ 白樺の梶
Shiramachi nu kun ⇒ 白松の棍
Shiratara nu kun ⇒ 白太郎の棍
Shirataru nu kun ⇒ 白樽の根
Shishi nu kun  ⇒ 末吉の棍
Shisuku nu kun ⇒  瀬底の棍
Soeshi nu kun ⇒  添石之梶/ 添石の梶
Toukunmi nu kun ⇒  徳嶺の棍
Ufugusuku nu kun ⇒  大城の根 grand 大 et petit  小
Urashi nu kun  ⇒ 浦添の棍
Yomitan nu kun ⇒ 読谷の梶
Yuniga nu kun ⇒  米川の棍

À noter qu’il existe également des bâtons de forme ogivale :

0631

Fig.0631- 棒

Les différentes appellations du bâton 棒 selon les dialectes régionaux des Ryūkyū. :

Bō ボー →  Île d’Okinawa et proches alentours 沖縄本島地方
Baū バウ, Aoku アウク, Agu アグ, Aafu アーフ → îles Sakishima 先島地方
Bō ボー, Oho オホ, Tegyō テギョー → Îles Amami 奄美地方

90102

Fig- 90102 Lycéens s’entraînent au maniement du bâton quelques mois avant le débarquement des troupes américaines à Okinawa. 沖縄県立農林学校生の棒術1944. 沖縄県立農林学校生の棒術1944. 宜野湾市史別冊「ぎのわん」宜野湾教育委員会1991

bordure

Sources:
沖縄の暮らしと民具 / 考古民俗叢書〈19〉/上江洲均 / 1973
沖縄伝統古武道/ 中本政博 /1983
少林兵器总谱秘本/ 北京体育大 学/1989
かつれんの民話 /本島編 &離島編/ 勝連町敎育委員会 / 1990
「空手道・古武道基本調査報告書」 沖縄県教育庁 文化課 /1994
「竹富町調査報告書」鳩間島担当院生/ 028127B/下地治人/2003
調査- 嘉手苅, 徹/史料編集室紀要(29): 29-52 /Université des Ryūkyū 琉球大学 / 2004
沖縄むかし話・津堅赤人(ちきんあかっちゅ)・琉球新報社・儀間比呂志 / 2013
宮城島」brochure éditée par la commission éducative de la ville de Uruma 沖縄県うるま市教育委員会 / 2014

———————————————-

À l’intention des visiteurs indélicats. 

Les articles de ce blog n’ont pas vocation à être la cible de razzias numériques intempestives et de copié-collés sauvages. Vous pouvez bien évidemment vous inspirer des contenus, vous y référer même, sans pour autant vous adonner au pillage du travail exposé sur ces modestes pages et par politesse, un lien vers ce blog est toujours le bienvenu…

© All rights reserved – Unauthorized reproduction prohibited.
———————————————-

_

retour

L’histoire du karaté Okinawaïen  沖縄空手の歴史 Christian Faurillon -フォーリヨン・クリスチャン ©2015

_

_

Les commentaires ne sont pas autorisés

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.